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DES EMPLOIS INCENDIÉS

Deux accusés sont pointés du doigt comme les responsables de cette insurrection populaire : les hommes au pouvoir et les bourgeois. Les deuxièmes ont sûrement pris un sacré coup ce samedi avec ce tremblement de terre de 20 sur l’échelle de Richter composé de vandalismes, de pillages et d’incendies. Ils ont vu, en une journée, des investissements de plusieurs millions de dollars, montés dans les cieux sous forme de fumée noire. Tandis que certains s’élèvent contre la violence populaire, d’autres y voient la conséquence de politiques de mépris d’une classe d’Haïtiens pauvres et sans avenir, même immédiat. « Depuis le temps que le peuple souffre, il est temps que la classe possédante souffre à son tour » tels sont les arguments tenus. On crie à la révolution aussi soit parce que l’on prend l’insurrection pour une révolution ou parce l’on espère que cela débouche sur elle. Des appels au maintien de la mobilisation sont lancés pour pousser le Président Jovenel Moïse à la porte du palais national ou qu’il décide de mettre les clefs sous la porte. Le Président est le principal accusé et ce n’est pas à tort.
Je m’intéresse depuis un certain temps au travail tant juridiquement, philosophiquement que sociologiquement. Et je ne puis m’empêcher d’avoir ce regard sur les événements du 6 au 8 juillet 2018. Est-ce une conséquence logique des inconséquences des pouvoirs depuis 86? Certainement. La bourgeoisie haïtienne (tant que l’adjectif « haïtienne » fasse sens) est-elle responsable de l’insurrection? Tout à fait. Ceux qui cassaient, brûlaient, pillaient ont-ils raison de le faire ? Je préfère répondre que le gouvernement ou encore le CSPN est responsable des dégâts. Cependant, si tout ce que les bariccadeurs dénoncent reste en place, pas seulement le Président mais tout le système de « pauvretégénèse« , alors je ne vois pas l’utilité de tout ceci. Pourquoi? Parce que beaucoup d’emplois sont partis en fumée ce vendredi. Beaucoup de gens regardent les photos de leurs boulots calcinés et se demandent que vont-ils faire. Je me demande à quoi tout cela servirait si ce n’est que d’appauvrir les bourgeois que de quelques pourcent et faire sombrer ceux qui avaient un travail, dans le chômage. A mon sens, c’est pire que d’incendier une voiture d’occasion d’une membre de la classe moyenne. Ne plus avoir de revenu est un drame dans un monde capitaliste enterré en Haïti.
Je me demande, dans combien de temps pourra-t-on recréer ces emplois perdus. Une voiture brûlée peut facilement être remplacée, avec peine bien sûr, par le transport en commun mais la paye mensuelle n’a pas de substitut accessible dans notre pays. Ceux qui ont assiégé les rues et fait tomber les murailles économiques de la classe possédante, n’ont-ils pas gonflé leur rang avec de nouveaux futurs défavorisés? Oui, la cause première ce sont les hommes de pouvoirs et riches du pays mais peut-on rejeter de telles interrogations?
Sans parler des raretés futures à cause des pillages, le chômage à fait un bond à la case « ciel » du jeu « marelle ». L’avenir est sombre, encore plus qu’avant le 6 juillet. Mais, il y avait encore plus d’emplois perdus le 12 janvier 2010 mais 8 ans plus tard on s’est plus ou moins relevé. Cependant, combien d’emploi a-t-on pu reproduire pendant ces 8 années? A-t-on pu les recréer tous? Pourra-t-on recréer tous les emplois brûlés ce vendredi noir du 7 juillet 2018?

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